Henrik Stille, gestionnaire des stratégies en obligations garanties européennes de Nordea

À l’approche de la fin de l’année 2024, les perspectives économiques restent incertaines et la question de savoir si l’économie mondiale se dirige vers un atterrissage en douceur ou forcé continue de faire débat. Au milieu de cette incertitude, une classe d’actifs se distingue comme un exemple de stabilité et de performance potentielle : les obligations garanties. Ces instruments, connus depuis longtemps pour leur sécurité et leur fiabilité, sont en passe de surperformer les titres d’entreprises investment grade (IG) européens et la dette d’État, ce qui en fait une option intéressante pour les investisseurs qui recherchent la sécurité et les rendements sur un marché volatil.

L’attrait constant des obligations garanties

Les obligations garanties possèdent une riche histoire remontant à plus de 200 ans, sans un seul cas de défaut enregistré au cours de cette période. Ce bilan remarquable témoigne de leur sécurité et de leur faible profil de risques. Le marché des obligations garanties avait atteint une taille substantielle en 2022 avec quelque 3 000 milliards d’euros de titres en circulation, émis principalement par des pays tels que l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France et la Suède.1

Ces obligations se caractérisent par leur « double recours », c’est-à-dire qu’elles sont garanties à la fois par l’institution émettrice et par un panier d’actifs de couverture, comme des prêts hypothécaires ou de la dette publique. Cette double garantie, en conjonction avec des législations locales strictes, des exigences de rapports prêt-valeur peu élevés et une gestion active du panier de couverture, apportent l’assurance de la grande sécurité de ces obligations. En outre, la réglementation européenne, en particulier dans le cadre de la directive sur le redressement et la résolution des établissements bancaires (ou BRRD pour Bank Recovery and Resolution Directive), exempte les obligations garanties des procédures de bail-in, ce qui ajoute une couche de sécurité supplémentaire pour les investisseurs.

Dynamique du marché en 2024

Le premier semestre 2024 a connu une baisse des émissions de nouvelles obligations garanties après une année record en 2023. Ce recul était prévu étant donné le ralentissement des octrois de prêts hypothécaires en Europe. La baisse de l’offre a contribué à un resserrement des spreads, avec une amélioration de 13 points de base pour les obligations garanties à fin mai 2024. La volatilité a toutefois refait surface en juin, lorsque l’organisation inattendue d’élections anticipées par le président français Emmanuel Macron a ébranlé les marchés. Cette incertitude, en conjonction avec les craintes relatives aux politiques budgétaires dans des pays comme la France, l’Italie et la Belgique, a provoqué un creusement des spreads sur les obligations d’État et les obligations garanties. Néanmoins, malgré cette volatilité, la sécurité intrinsèque des obligations garanties en fait un point d’entrée intéressant pour les investisseurs, en particulier par comparaison avec la plus grande volatilité des obligations d’entreprises IG.

Argumentaire d’investissement : Obligations garanties vs. titres d’entreprises IG

Le creusement récent des spreads sur les obligations garanties, par contraste avec le resserrement des spreads sur les titres d’entreprises IG, présente une opportunité d’investissement convaincante. Historiquement, le spread entre les obligations d’entreprises et les obligations garanties a oscillé aux alentours de 100 points de base. À la mi-2024 cependant, ce spread s’était resserré à environ 40 points de base. Cette situation offre aux investisseurs une opportunité rare d’entrer sur le marché des obligations garanties à des niveaux attrayants. Pour l’avenir, nous anticipons un recul continu des émissions d’obligations garanties en raison de la baisse d’activité dans les prêts hypothécaires. Par contraste, les titres d’entreprises IG, qui affichent actuellement des cours optimistes dans la perspective d’un atterrissage en douceur, pourraient rencontrer des difficultés plus importantes dans un contexte économique agité. Les obligations garanties, prudentes par nature, devraient enregistrer des performances au moins égales à celles des titres d’entreprises tout en offrant une meilleure protection et des rendements ajustés aux risques supérieurs.

Argumentaire d’investissement : Obligations garanties vs. obligations d’État européennes

Les obligations garanties sont souvent perçues comme une alternative à la dette d’État de l’UE du fait de leur qualité et de leur caractère défensif. La dynamique d’offre en 2024 pourrait renforcer encore les arguments en faveur des obligations garanties. Alors que l’offre nette de dette publique européenne devrait augmenter en raison des déficits budgétaires persistants, le volume d’émission d’obligations garanties va sans doute rester modéré. Ce déséquilibre au niveau de l’offre favorise la performance des obligations garanties par rapport à la dette d’État. Au second semestre 2024, nous pensons que les obligations garanties devraient continuer d’offrir une protection solide dans les contextes d’aversion au risque, avec des rendements attendus supérieurs à ceux de la dette d’État. Nous pensons qu’une gestion active dans ce segment peut renforcer encore plus les rendements en saisissant les opportunités sur un marché caractérisé par une dynamique offre/demande favorable. En conclusion, l’année 2024 présente une opportunité potentiellement sans précédent d’investir en obligations garanties. Cette classe d’actifs offre une allocation attrayante dans le cadre de l’allocation stratégique d’actifs, en particulier pour les investisseurs peu enclins au risque qui cherchent à se diversifier par rapport aux titres d’entreprises. Avec des rendements comparables à moindre risque, nous pensons que les obligations garanties sont un choix convaincant dans le contexte de marché actuel.

La proposition de valeur de Nordea Asset Management (NAM) dans les obligations garanties

NAM figure parmi les leaders du marché des obligations garanties avec plus de 40 milliards d’euros sous gestion dans cette classe d’actifs. Forts d’une équipe aguerrie de gestionnaires de portefeuille possédant en moyenne 20 ans d’expérience, nous avons régulièrement fait la preuve de notre capacité à générer un potentiel d’alpha dans ce domaine. Contrairement aux stratégies passives, notre approche de gestion active profite pleinement des inefficiences et des nuances sur le marché des obligations garanties, comme les disparités au niveau des primes d’émetteurs et des méthodologies de notation. Avec notre bilan démontré et notre expertise approfondie dans les obligations garanties, NAM est bien positionné pour aider les investisseurs à gérer ce marché complexe pour tenter d’offrir des rendements ajustés aux risques intéressants en 2024 et au-delà.